DGSI, DNRT: Le Régime Militaire d’Alger dans les viseurs du Renseignement Intérieur Français

Non, il ne s’agit pas d’une opération sous fausse bannière ni d’une rumeur infondée. Cette fois-ci, les services de renseignement français ne font pas dans la demi-mesure. La presse française, les agences de renseignement et le ministère de l’Intérieur le déclarent haut et fort et l’assument pleinement : marquée par des réformes structurelles, des collaborations inédites entre agences et une libéralisation sans précédent de l’accès aux données sensibles, le renseignement français a lancé une contre-offensive ciblant les activités clandestines du régime militaire algérien sur le sol français.

Comme nous l’avions annoncé le 26 novembre 2024 dans notre article, des changements structurels majeurs sont en cours pour renforcer la lutte contre les ingérences algériennes. Parmi ces mesures figurent la facilitation de l’accès aux documents pour les journalistes d’investigation, la coordination accrue entre les services de renseignement, le Parquet National Financier et l’Agence anticorruption, le renforcement du renseignement criminel et faire de l’Office anti-stupéfiants le chef de file en matière de renseignement sur le crime organisé, ainsi que la création du Parquet National de Lutte contre la Criminalité Organisée. Ce dernier intègre les outils de big data de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), initialement conçus pour les enquêtes antiterroristes. Ces outils permettent désormais aux juges et aux enquêteurs d’accéder directement à des données complexes. Les preuves collectées pourraient non seulement faciliter les poursuites, mais aussi être rendues publiques par le biais des médias. Au Sénat, c’est la commission des lois qui ouvre la porte à un accès simplifié des services du « second cercle » au renseignement criminel (police, gendarmerie, administrations, etc.), collecté par ceux du « premier cercle » (DGSE, DGSI, DNRED…). Cette décision marque une expansion significative du partage d’informations entre les principales agences de renseignement et d’autres services chargés de l’application de la loi. Désormais, des agences au-delà des organisations de renseignement du premier cercle peuvent plus facilement obtenir des informations qui étaient auparavant difficiles d’accès. Cette collaboration renforcée vise une meilleure coordination entre les différents services dans la lutte contre la criminalité et la protection de la sécurité nationale française.

Après l’Express ayant révélé que Mehdi Ghezzar était surveillé par la DGSI, c’est au tour du Journal du Dimanche (JDD), qui publie le 25 Janvier 2025 les détails d’une note confidentielle de la Direction nationale du renseignement territorial (DNRT): la « stratégie d’influence agressive » déployée par Alger sur le sol français depuis 2019. Dans ce document, l’arrivée au pouvoir d’Abdelmadjid Tebboune a marqué un tournant : des émissaires algériens, identifiés dès 2020, ont multiplié les opérations de lobbying, de désinformation et d’infiltration institutionnelle.

La DNRT, agence de renseignement créée en 2023 pour surveiller les menaces anticonstitutionnelles, révèle des méthodes empruntées aux manuels du KGB appelées: “captation et retournement”. L’infiltration des institutions en est une : des élus municipaux aux conseils départementaux de l’Ordre des médecins, des réseaux proches d’Alger cherchent à « s’incruster en profondeur », selon les mots du Dr Rachid Agoudjil, président de la Coordination des élites algériennes, lors d’une déclaration publique à la télévision algérienne. La manipulation mémorielle est également utilisée : la restitution d’objets de l’émir Abdelkader ou la comparaison entre le Sahara occidental et la Palestine visent à exacerber les fractures communautaires. Enfin, le contrôle de la diaspora est une autre stratégie déployée par le régime. L’échec de l’Observatoire national de la société civile (ONSC) créé par Tebboune, avec trois députés proches de l’opposition élus en 2021, a fortement déplu à Alger. Le régime mise désormais sur des relais associatifs, comme le Mouvement dynamique des Algériens de France (Moudaf) de Nasser Khabat (proche associé de Karim Zéribi), et sur des figures plus influentes telles que Chems-Eddine Hafiz, coordinateur de la campagne 2024 de Tebboune en France.

Face à l’offensive d’influence méthodique du régime algérien, la France a choisi de riposter en misant sur la transparence agressive et la modernisation radicale de son arsenal anti-ingérence. En libérant l’accès aux renseignements sensibles pour les juges, les médias et les services du « second cercle », l’État français ne se contente pas de démasquer les réseaux d’Alger : il les prive de l’ombre dont ils ont besoin pour opérer. Les révélations de la DNRT sur les tactiques d’infiltration inspirées du KGB, associées à la centralisation des données criminelles et à la médiatisation des preuves, placent désormais le pouvoir algérien dans une position éclairée par les projecteurs. Au vu de l’amateurisme de ses relais, Alger voit ses leviers d’influence se réduire comme une peau de chagrin. Reste à savoir si cette contre-attaque du renseignement hexagonal marquera la fin de l’ère des interférences clandestines, voir la chute du régime militaire d’Alger comme l’a exprimé le Juge antiterroriste Marc Trévidic, ou si elle ne sera qu’un coup de pied dans le ventre pour souligner sa fragilité et l’inciter à entamer une dé-escalade.

Par Abderrahmane Fares

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