Maroc – Algérie : dans un climat de tensions, Rabat se renforce militairement avec 600 missiles américains

Les tensions entre le Maroc et l’Algérie ne faiblissent pas depuis la fermeture de leur frontière terrestre en août 1994. Cette rivalité persistante alimente une course aux armements dans la région.
Mardi, Washington a donné son feu vert à la vente de 600 missiles sol-air portables Stinger au Maroc, pour un montant total de 825 millions de dollars (environ 730 millions d’euros). Cette décision, validée par le département d’État américain, a été officiellement notifiée au Congrès par l’Agence de coopération pour la sécurité et la défense (DSCA).
Un renforcement stratégique des capacités marocaines
Dans un communiqué, la DSCA a indiqué que Rabat prévoit d’utiliser ces missiles pour moderniser ses forces armées et renforcer ses capacités de défense antiaérienne à courte portée.
« Cette acquisition améliorera la capacité du Maroc à faire face aux menaces actuelles et futures », précise l’agence, soulignant également une meilleure interopérabilité avec les armées des États-Unis et de leurs alliés.
Une alliance consolidée avec Washington
Les liens entre Rabat et Washington se sont resserrés sous la présidence de Donald Trump, notamment après la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en décembre 2020. En retour, le Maroc avait accepté de normaliser ses relations diplomatiques avec Israël dans le cadre des accords d’Abraham, chapeautés par les États-Unis.
La semaine dernière, le soutien américain a été réaffirmé par le secrétaire d’État Marco Rubio, lors de sa rencontre avec le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, à Washington.
Le Sahara occidental, au cœur des tensions régionales
La question du Sahara occidental reste un point de friction majeur entre Rabat et Alger. En 2023, la France a publiquement appuyé le plan d’autonomie proposé par le Maroc, ce qui a provoqué une réaction immédiate d’Alger, qui a rappelé son ambassadeur à Paris, déclenchant une nouvelle crise diplomatique.
Sur un autre front, Paris envisage désormais une reconnaissance de l’État de Palestine, mais souhaite en échange un élargissement des reconnaissances arabes envers Israël. Une demande qui reste inacceptable pour plusieurs pays africains, dont l’Algérie, qui ne reconnaît toujours pas Israël, tout comme Djibouti, les Comores, la Somalie, le Mali, le Niger, la Tunisie et la Mauritanie.
Une course à l’armement de plus en plus visible
L’escalade militaire entre le Maroc et l’Algérie s’accentue. Selon Jean-François Daguzan, spécialiste du Maghreb et chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique, l’Algérie dispose d’un arsenal de missiles impressionnant, et consacre près de 20 % de son PIB à la défense, contre 10 % pour le Maroc.
« Ce sont des niveaux d’investissement militaires très élevés pour les deux pays », note-t-il.