SHOAA : La détention du journaliste Abdelwakil Belam constitue une violation flagrante des libertés et une exploitation politique des accusations de terrorisme

Communiqué de l'organisation SHOAA pour les droits de l'homme

L’organisation SHOAA exprime sa profonde inquiétude face aux développements entourant l’arrestation du journaliste Abdelwakil Blamm, placé en détention provisoire par décision du juge d’instruction du tribunal de Chéraga, dimanche 5 janvier 2025. Il est accusé de crimes graves, notamment de participation à une organisation terroriste en connaissance de son objectif et de ses activités (article 87 bis du Code pénal), de diffusion de fausses informations portant atteinte à l’ordre public (article 196 bis), et d’atteinte à l’unité nationale (article 79). Ces accusations sont basées sur des publications sur Facebook et des correspondances présumées avec des opposants à l’étranger.
Ces mesures représentent une escalade grave contre la liberté d’expression, révélant une intention manifeste de cibler les journalistes et les activistes, tout en utilisant les lois pour restreindre davantage les espaces de liberté. Le parcours de l’arrestation d’Abdelwakil Belam soulève des préoccupations majeures, marquées par des abus évidents. Arrêté pour la première fois le 23 décembre 2024 par les services de renseignement intérieur, il a été libéré le jour même après la saisie de son téléphone. Cependant, il a été de nouveau arrêté le 29 décembre 2024 et maintenu en garde à vue jusqu’à sa comparution devant le procureur le 5 janvier 2025. Cette série d’événements met en lumière une stratégie systématique de répression et d’intimidation visant à museler les voix libres.
L’organisation souligne que les accusations liées à des correspondances avec des opposants, prétendument détectées après la saisie et l’exploitation de son téléphone par les services de sécurité, constituent une violation grave de la loi et des droits fondamentaux du journaliste, notamment le droit à la vie privée et à la protection contre les abus. Exploiter des biens personnels pour fabriquer de telles accusations révèle un ciblage direct des libertés fondamentales et une application arbitraire des lois.
Le recours à l’article 87 bis relatif aux accusations de terrorisme pour justifier la poursuite d’un journaliste exerçant simplement son métier et son droit légitime à la liberté d’expression constitue une instrumentalisation inacceptable de cette disposition. Cette pratique détourne les lois antiterroristes de leur véritable objectif pour en faire un outil de répression des libertés fondamentales, en violation flagrante de la Constitution algérienne et des conventions internationales que l’Algérie s’est engagée à respecter.
SHOAA condamne fermement ces violations et appelle à la libération immédiate et inconditionnelle du journaliste Abdelwakil Blamm et de tous les détenus d’opinion. Elle exhorte également à mettre fin à l’exploitation des lois pour cibler les journalistes et les activistes, et à entreprendre une révision complète de la législation nationale afin de garantir sa conformité avec les normes internationales des droits humains.
L’organisation appelle la communauté internationale et les organisations de défense des droits humains à intervenir de toute urgence pour soutenir la liberté de la presse et protéger les journalistes et activistes en Algérie. Elle réaffirme son engagement indéfectible à défendre la liberté d’expression et un journalisme indépendant, soulignant que ces valeurs sont les piliers fondamentaux de toute société démocratique et juste.

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