Pourquoi Le Régime Militaire d’Alger Libérera Boualem Sansal
Le Parlement européen doit se réunir demain pour discuter de l’arrestation illégale de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien, dans un contexte marqué par une campagne médiatique agressive en Algérie visant les intellectuels tels que Sansal et Kamel Daoud. Tandis que les médias d’État algériens tentent de présenter cette affaire comme une « conspiration de droite » liée à des lobbys prétendument pro-sionistes et macronistes, le Parlement européen, représentant une diversité politique et ethnique à travers l’Europe, exigera la libération immédiate et inconditionnelle de Sansal.
Prévue pour le Mercredi 27 novembre 2024 (procédure 2024/2963(RSP)), cette session parlementaire pourrait avoir des implications diplomatiques et économiques considérables pour les relations UE-Algérie. Bien que la résolution attendue soit non contraignante, elle s’inscrit dans un contexte d’examen international renforcé sur les violations des droits humains et les dépenses militaires de l’Algérie. Ce débat pourrait également faire avancer la modification de l’Accord d’association UE-Algérie ou une réévaluation des programmes d’aide au développement, même si le régime militaire algérien minimise souvent l’impact de telles pressions économiques sur sa stratégie autoritaire.Cependant, les implications plus larges de ces résolutions dépasseront l’Europe. La future administration américaine sous Donald Trump et son secrétaire d’État Marco Rubio devraient aligner leur diplomatie sur celle de de l’Union européenne (UE). Rubio qui voulait activer la loi CAATSA suite au contrat d’armement algéro-russe de 7 milliards de dollars signé en 2021, prendra des mesures radicales: d’abord l’ouverture du Consulat des Etats-Unis à Dakhla, puis la classification du Polisario comme organisation terroriste. De nouveaux avertissements viendront probablement des États-Unis et de l’OTAN, qui suit également de près la situation. Une récente délégation de l’OTAN à Alger a explicitement demandé au président Tebboune et le général Chengriha des explications sur le budget militaire algérien.
Pressions Diplomatiques et Menaces du Régime militaire d’Alger
Le Parlement européen (PE) a le pouvoir de multiplier les points de pression diplomatique et politique, notamment en organisant des débats publics et des déclarations qui exercent une influence indirecte sur la Commission européenne et le Service européen pour l’action extérieure (EEAS). Le PE peut recommander des actions et appeler les gouvernements nationaux à mener des enquêtes et à imposer des sanctions supplémentaires ou des investigations additionnelles. Ces initiatives visent à intensifier la surveillance et la responsabilité sur des actions clandestines telles que celles attribuées à l’Algérie.
Des pays membres, notamment la France et l’Espagne, ont identifié l’Algérie comme une menace clandestine, la classant dans le même groupe que la Russie et l’Iran. Cela inclut des risques liés au sabotage, à la polarisation sociale, aux émeutes, aux disruptions politiques et même à des enlèvements ou assassinats ciblés. Comme l’a révélé un récent rapport sénatorial français, retiré depuis du domaine public, dirigé par la DGSI, l’Algérie excelle également dans l’exploitation de crises internationales, telles que le conflit israélo-palestinien, pour provoquer des troubles.
Le régime militaire d’Alger et ses services de renseignement, perçus comme une menace clandestine pour la France
L’Algérie est classée dans le même groupe que l’Iran et la Russie en termes de menaces clandestines. Un compte rendu d’une audition au Sénat de la directrice de la DGSI, Céline Berthon, a été retiré peu après sa publication. La volonté du service de rester discret sur les pays qu’il surveille en priorité pour ingérences étrangères peut expliquer ce revirement. Les ajouts en amont ont été travaillés avec les services et les députés, et font face à un intense lobbying des avocats opposés à la création d’un registre recensant leurs clients étrangers. L’Algérie est dans le même groupe que la Russie, où ses menaces principales sont le sabotage, la polarisation, et le possible kidnapping et assassinat politique, similaire à la méthode iranienne, y compris la politisation et l’exploitation du conflit israélo-palestinien pour créer le chaos.
Il y a aussi débat dans les cercles diplomatiques français à propos de la suppression des Exemptions de Visa pour les diplomates algériens: les dignitaires algériens et leurs familles, souvent titulaires de passeports diplomatiques, devront se conformer à une révision des règles d’entrée en France. Alger a anticipé ce changement en retirant certains passeports diplomatiques à d’anciens ministres comme Abdelaziz Rahabi, Ali Benflis, Mokdad Sifi et Ahmed Ghozali, cette mesure est destinée à s’étendre davantage aux responsables militaires. On parle aussi de la déclassification des archives de la DST, notamment celles de la décennie noire. Si cela se ferait, il serait, accompagné de l’action Américaine de reconnaissance de Polisario comme entité terroriste, comme le coup de grâce au régime militaire d’alger.
Contrôle du Rôle de la Diaspora
Alger utilise des institutions telles que la mosquée de Paris, décrite par certains observateurs comme une succursale du renseignement algérien, avec son doyen, Chems Eddine Hafiz, jouant un rôle clé dans le lobbying franco-algérien et maintenant des liens étroits avec les services de renseignement algériens. Il a été reçu deux fois par Tebboune avant les élections législatives françaises et après. Le président Tebboune a ouvertement reconnu lors de son entretien avec la presse nationale il y a quelques semaines l’utilisation de la diaspora algérienne pour exercer une pression sur la France, notamment dans les débats sociaux polarisants en France. En réponse, les autorités françaises renforcent la surveillance financière, notamment par l’inspection générale des finances, alors que les Algériens apportent de l’argent liquide en France. Alger a réagi en réduisant le plafond annuel de change de devises à 7500 euros.
Surveillance Accrue des Agents Algériens en Europe et des Flux Financiers
Les résidents étrangers soupçonnés d’agir contre les intérêts de l’Europe pourraient voir leur statut révoqué, incluant les réfugiés politiques. Cette surveillance touche des individus provenant de pays comme la Chine, la Russie, et l’Algérie. Le service TRACFIN enquête sur les circuits financiers opaques soutenant ces activités, y compris via des crypto-monnaies. Un exemple récent inclut un officier de renseignement territorial en Seine-Saint-Denis ayant vu son habilitation annulée pour des liens présumés avec les services algériens et marocains.
L’Espagne, de son côté, fait face à des activités similaires. Une enquête de la Guardia Civil a révélé une tentative d’enlèvement et d’exfiltration de Hichem Aboud, critique notoire du régime algérien. Ces actions s’ajoutent à l’utilisation de l’immigration irrégulière comme levier de pression politique selon un rapport du CNI espagnol sur l’instrumentalisation de l’immigration illégale par le régime militaire d’alger.
Le Parlement européen va donc appeler à des enquêtes sur les activités clandestines présumées de l’Algérie sur le sol européen, y compris deux tentatives d’enlèvement documentées comme celle de Amir Boukhors en France, ou de Hichem Aboud en Espagne, l’attaque contre des manifestants algériens ayant blessé un policier français, et l’exploitation des politiques d’immigration à des fins de pression politique. Ces actions sont bien documentées par les unités antiterroristes françaises et les services de renseignement espagnols, soulignant la nécessité d’une réponse robuste aux opérations secrètes algériennes.
Contre-propagande
Le général Abdelkader Haddad, nommé par le président Tebboune par décret non divulgué, a pris des mesures pour démanteler le Centre de Communication et de Diffusion, autrefois un très influent sous le colonel Lakhdar Bouzid, alias Faouzi. Le Service Européen pour l’Action Extérieure renforce également sa surveillance de la désinformation médiatique algérienne, avec des initiatives telles que EUvsDisinfo élargissant leur focus pour inclure la propagande algérienne, aux côtés de celle de la Russie et d’autres régimes menaçant les valeurs démocratiques.
Facilitation des enquêtes et accès aux données du renseignement pour la justice et les enquêteurs
Des changements structurels sont en cours pour renforcer la lutte contre les activités clandestines algériennes. L’ancien procureur antiterroriste français Jean-François Ricard a recommandé l’établissement formel d’un parquet national dédié à la lutte contre la criminalité organisée. La France accélère la coordination entre ses services de renseignement, le Parquet National Financier et l’Agence anticorruption. La création du Parquet National de Lutte contre la Criminalité Organisée, intégrant les outils de big data de la DGSI, marque une étape significative. Ces outils, initialement conçus pour les enquêtes antiterroristes, devraient permettre aux juges d’accéder directement à des données complexes afin de poursuivre légalement des individus impliqués dans des opérations illégales, et également aux journalistes et journalistes d’investigation. Les preuves collectées pourraient non seulement faciliter les poursuites mais aussi être rendues publiques, exposant davantage l’influence occulte de l’Algérie en Europe.La méprise du régime militaire est de voir l’opposition comme une simple hostilité de la droite française, plutôt que de reconnaître le consensus international croissant contre leurs méthodes, ce qui révèle une déconnexion délirante de la réalité et une cécité. Sous le poids écrasant de la pression internationale et les sanctions juridiques et financières qui touchent à ses intérêts clientélistes personnels, le régime militaire d’Alger se verra contraint d’abandonner sa posture intransigeante et de libérer Boualem Sansal. Cette capitulation, bien que présentée comme un acte de pragmatisme, révèle en réalité une soumission forcée face à l’unité des démocraties, qui évoque les précédents renoncements subis avec les libérations de Khaled Drareni et Ihsane El Kadi.
Sources:
Procedure File: 2024/2963(RSP), European Parliament.
President Metsola calls for an end to violence against women, European Parliament News.
Rubio calls for sanctions on Algerian purchase of Russian weapons, Rubio Senate Office.
NATO PA press tweet, NATO Parliamentary Assembly.
Passeports diplomatiques : l’arme du régime d’Alger, Le360.
Question No. 16-18504 at the Assemblée Nationale, Assemblée Nationale.
La Grande Mosquée de Paris dénonce la libération progressive d’une parole raciste et haineuse, FranceInfo.
Déclaration de devises par les voyageurs: les réserves d’un député des Algériens de France, TSA Algérie.
Blanchiment : TRACFIN a accès sans restriction à tous les comptes bancaires en France, La Tribune.
CNI alerta al Gobierno: Argelia prepara avalancha de 10.000 inmigrantes ilegales, El Confidencial Digital.
Kidnapping d’Amir DZ : Les renseignements extérieurs algériens dans le viseur des enquêteurs, Le360.
Hichem Aboud tells in Watchtower the details of his kidnapping in Spain, Atalayar.
EUvsDisinfo, EUvsDisinfo.
European Parliament Resolution TA-9-2023-0198 (FR), European Parliament.
European Parliament Resolution TA-9-2023-0198 (EN), European Parliament.
2 commentaires