Des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Tunis samedi, exprimant leur colère face à la dégradation qu’ils perçoivent dans la gestion du pays, alors que la campagne pour l’élection présidentielle est officiellement lancée.
Samia Abbou, ancienne députée tunisienne présente lors de la manifestation, a vivement critiqué le président Kaïs Saïed pour son incapacité à résoudre les problèmes clés de la nation. Les manifestants ont brandi des pancartes dénonçant la flambée des prix des produits de base et les menaces croissantes contre les libertés civiles.
Ces scènes rappellent celles de 2011, lorsque des manifestations avaient conduit à la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, déclenchant les soulèvements dans le monde arabe. Aujourd’hui, plus de dix ans après, le manifestant Sghaier Zakraoui a exprimé ses craintes face aux arrestations croissantes de figures politiques sous le régime de Saïed, réclamant la fin des attaques contre les droits civiques.
Ces manifestations surviennent à la suite de l’annonce du principal parti d’opposition, Ennahda, selon laquelle ses dirigeants ont été arrêtés en masse ces derniers jours, marquant une escalade sans précédent.
Pendant ce temps, Kaïs Saïed se prépare à entamer sa campagne pour sa réélection prévue le 6 octobre, espérant obtenir un second mandat. En 2019, il avait captivé les électeurs avec ses promesses de lutter contre la corruption, gagnant ainsi le soutien des Tunisiens frustrés par les turbulences politiques post-révolutionnaires.
Depuis son accession au pouvoir, le président âgé de 66 ans a consolidé son contrôle, suspendant le parlement et modifiant la constitution. Durant son mandat, de nombreux journalistes, activistes et opposants politiques ont été arrêtés, couvrant un large éventail d’idéologies.
Malgré ses promesses de redresser le pays, la Tunisie reste confrontée à un taux de chômage élevé, atteignant 16 %, particulièrement parmi les jeunes, un des taux les plus critiques de la région.