L’interprétation de la HACA concernant l’exclusion de la langue amazighe de « Laâyoune Régionale » ne correspond pas aux dispositions légales
Amina Ibn Cheikh, directrice du journal « Le Monde Amazigh », a exprimé son étonnement face à la limitation, par le Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle, de la diffusion des programmes en amazigh aux deux chaînes et aux deux stations de radio amazighes relevant de la Société Nationale de Radiodiffusion et de Télévision, soulignant que cette « interprétation ne concorde pas avec les dispositions légales et réglementaires encadrant le paysage audiovisuel national ».
Dans une lettre adressée à Latifa Akharbach, présidente du Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle, la journaliste amazighe a déclaré que cette « position exprimée par le Conseil dans sa réponse ne s’accorde pas avec l’esprit de la Constitution, qui reconnaît l’amazigh comme langue officielle, et ne correspond pas non plus aux engagements légaux stipulés dans les cahiers des charges ».
Ibn Cheikh a demandé au Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle de revoir « sa position et de prendre les mesures nécessaires pour garantir une présence équitable de la langue et de la culture amazighes dans les différentes chaînes nationales, conformément aux dispositions de la Constitution et des cahiers des charges, et en cohérence avec les principes de justice linguistique et de pluralisme culturel que le Conseil est censé garantir ».
Texte de la lettre :
De : Amina Ibn Cheikh Oukdourt
Directrice du journal Le Monde Amazigh
À : Madame Latifa Akharbach
Présidente du Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle
Objet : Réponse concernant la décision du Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle sur l’absence de la langue amazighe dans les programmes de la radio régionale de Laâyoune
Madame,
Après avoir pris connaissance de votre réponse concernant la plainte relative à l’absence de la langue amazighe dans les programmes de la radio régionale de Laâyoune, déposée auprès de vos services par M. Hassan Benhassi, laquelle réponse repose sur la restriction de la diffusion des programmes en amazigh aux deux chaînes et aux deux stations de radio amazighes relevant de la Société Nationale de Radiodiffusion et de Télévision, nous tenons à exprimer notre étonnement face à cette interprétation qui ne concorde pas avec les dispositions légales et réglementaires encadrant le paysage audiovisuel national.
Les cahiers des charges des chaînes nationales, y compris celles de la première et de la deuxième chaîne ainsi que des chaînes régionales, stipulent clairement l’obligation de respecter la pluralité linguistique et culturelle du Royaume. Cela implique l’intégration de la langue amazighe dans la programmation de toutes les chaînes nationales, et pas uniquement dans la chaîne amazighe. Tout comme cette dernière s’engage à diffuser 30 % de ses programmes en langue arabe, il est logique que les autres chaînes s’engagent à intégrer un pourcentage équivalent de programmes en amazigh, en respect du principe d’équilibre et d’équité, qui relève des missions essentielles du Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle.
Ainsi, la position exprimée par le Conseil dans sa réponse ne s’accorde pas avec l’esprit de la Constitution, qui reconnaît l’amazigh comme langue officielle, ni avec les engagements légaux stipulés dans les cahiers des charges. L’article 102 du cahier des charges de la Société Nationale de Radiodiffusion et de Télévision prévoit que les programmes diffusés doivent être au moins à 75 % dans les deux langues officielles, l’arabe et l’amazigh, ou dans les dialectes marocains, sur l’ensemble des chaînes et stations de radio qui en relèvent. Cela inclut bien entendu la radio régionale de Laâyoune, ce qui rend l’absence de la langue amazighe dans sa programmation contraire aux cahiers des charges.
Par conséquent, nous demandons au Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle de revoir sa position et de prendre les mesures nécessaires afin de garantir une présence équitable de la langue et de la culture amazighes dans les différentes chaînes nationales, en conformité avec les dispositions de la Constitution et des cahiers des charges, et en cohérence avec les principes de justice linguistique et de pluralisme culturel que le Conseil est censé garantir.
Dans l’attente de votre retour favorable, veuillez agréer, Madame, l’expression de nos salutations distinguées.
Signature :
Amina Ibn Cheikh Oukdourt
Directrice du journal Le Monde Amazigh