Le régime militaire algérien se retrouve de plus en plus isolé sur la scène internationale après avoir perdu quatre alliés clés qui soutiennent tous la la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et le Polisario : La Syrie, la Mauritanie, l’Equateur et le Ghana, en l’espace d’un mois.
Syrie : Les retombées de la chute d’Assad
Le 8 décembre, la chute du régime du président syrien Bachar el-Assad a provoqué une onde de choc dans la région. Des documents divulgués ont impliqué les services de renseignement algériens dans des crimes de guerre commis pendant la guerre civile en Syrie. Ces révélations ont poussé le régime militaire d’Alger d’essayer de soudoyer le nouveau leadership, et d’utiliser les anciens de régime pour capturer les documents perdus. En parallèle à cela, le Maroc a anticipé, soutenu la population, et noué des liens constructifs avec le nouveau leadership Syrien.
Mauritanie : Un pivot stratégique
Il y’a à peine un mois, le président algérien Abdelmadjid Tebboune, entamait une visite en Mauritanie, la première visite depuis 37 ans, la dernière visite similaire ayant eu lieu en 1987 par le Chadli Bendjedid dans la ville mauritanienne de Nouadhibou pour inaugurer une raffinerie de pétrole. Quelques jours après, le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani réapparait dans une visite d’état avec le roi du Maroc Mohammed VI. Les discussions ont abouti à un partenariat stratégique entre la Mauritanie et le Maroc. L’Algérie a réagi en remplaçant son ambassadeur en Mauritanie, Mohamed Benattou, par Amin Abderrahmane Saïd, un chargé d’affaires de rang inférieur. Ce déclassement diplomatique que l’on peut appeler un « rappel déguisé« , démontre une dégradation significative des relations.
Le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani a annoncé, le 27 décembre, un remaniement majeur de la hiérarchie militaire et sécuritaire mauritanienne, marquant un tournant stratégique dans la politique de défense du pays. Parmi les mesures figurent la nomination du général Mohamed Vall Ould Raïs en tant que nouveau chef d’état-major des forces armées et la mise à la retraite du général de corps d’armée Mokhtar Bella Chaabane, ainsi que six autres nominations clés dans les secteurs de la défense et de la sécurité. Ces décisions semblent être une réponse directe aux provocations croissantes de l’Algérie, notamment ses tentatives de déstabilisation régionale. Un incident rapporté, impliquant une incursion des forces algériennes à seulement 8 km de la frontière mauritanienne, aurait été le facteur déclencheur, alimentant les craintes que l’Algérie puisse pousser le Polisario à entreprendre une incursion ou à tenter de contrôler un territoire, risquant ainsi un embrasement de la région. Début janvier, la Mauritanie a également annoncé qu’elle bénéficierait de l’appui des Émirats arabes unis pour la surveillance satellitaire de ses frontières, renforçant ainsi sa sécurité nationale.
Équateur : Retrait de la reconnaissance du Polisario
Dans le cadre d’un changement diplomatique majeur, l’Équateur a annoncé qu’il ne reconnaissait plus le Front Polisario et RASD autoproclamée. Cette décision fait suite à un appel entre les ministres des affaires étrangères équatorien et marocain, au cours duquel l’Équateur a affirmé son soutien à l’intégrité territoriale du Maroc. L’Équateur a également notifié officiellement l’annexe du Polisario dans le pays, marquant ainsi un coup important à l’agenda pro-Polisario de l’Algérie. Les analystes notent que la décision de l’Équateur fait partie d’une tendance plus large des pays d’Amérique latine à réévaluer leurs positions sur le conflit du Sahara occidental, influencés par l’influence économique et politique croissante du Maroc dans la région.
Ghana : Dynamique de l’Union africaine
Le Ghana rejoint la tendance en annonçant sa décision de suspendre ses relations avec le Front Polisario et de réaffirmer son engagement en faveur d’une résolution du conflit du Sahara sous l’égide des Nations Unies. Dans une note officielle, le ministère ghanéen des affaires étrangères a informé les représentants du Polisario à Accra de la suspension, soulignant la nécessité de « supprimer tout obstacle » au processus mené par les Nations unies. Ce changement s’inscrit dans le cadre d’un nombre croissant de nations africaines soutenant le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara. Le régime militaire d’Alger est de plus en plus perçu comme un acteur déstabilisateur, employant une rhétorique conflictuelle et hostile, éloignée des efforts pour le développement durable. Pendant ce temps, des pays comme la Mauritanie et le Ghana privilégient des partenariats économiques solides avec le Maroc et misent sur la stabilité régionale pour assurer leur croissance et leur influence.
Sur le plan intérieur, l’Algérie est confrontée à la stagnation économique, à un taux de chômage des jeunes supérieur à 30 % et à des manifestations contre la détérioration des conditions de vie et l’étouffement de la liberté d’expression et des droits de l’homme fondamentaux. Sur le plan international, le recours à des stratégies diplomatiques dépassées, datant de la guerre froide, est de plus en plus considéré comme contre-productif. Les analystes avertissent que la tentative de l’Algérie de se positionner en tant qu’intermédiaire régional est en train d’échouer, notamment parce que le Maroc renforce ses alliances en Afrique et au-delà grâce à des initiatives économiques et infrastructurelles telles que le gazoduc afro-atlantique.
Par: Abderrahmane Fares