Le monument commémoratif du navire « Dina » ou l’histoire commune algéro-marocaine

L'Odyssée de Dina

Par Salima Faraji
Avocate – Députée

Le 2 septembre 2016, une chaîne de télévision algérienne diffusait un programme sur la coopération et la solidarité maroco-algérienne pendant la guerre de libération. Plusieurs témoins des deux pays frères ayant vécu les événements des guerres de libération au Maroc et en Algérie ont été entendus, avec une présentation du défunt roi Mohammed V lors de ses négociations avec les dirigeants algériens durant la guerre de libération. Le programme avait, également, détaillé les événements du navire Dina, qui symbolise le début des opérations de résistance organisées par l’Armée de libération au nord du Maroc. Cet événement historique se résume au départ des navires Dina 1 et Dina 2, qui ont accosté sur le sol marocain, à la plage de la commune de Ras el-Ma (cap d’eau), dans la province de Nador. Cela représente une période de lutte commune maghrébine où l’Armée de libération marocaine et l’Armée de libération algérienne avaient travaillé en étroite solidarité pour soutenir les causes de libération nationale dans les pays du Maghreb.

Un monument commémoratif a été érigé à Ras el-Ma pour honorer la mémoire des héros et célébrer les exploits du combat de libération commun maghrébin, lié à l’opération de débarquement et de déchargement, du navire Dina, d’armes destinées aux mouvements de libération marocain et algérien après son départ du Caire. Le monument avait été inauguré en 2013. Au cours de la cérémonie d’inauguration, le haut-commissaire aux anciens combattants marocain avait souligné l’importance de transmettre le message aux jeunes et aux organisations de la société civile pour valoriser les efforts de la génération précédente. La chaîne de télévision algérienne avait diffusé, ce soir-là, les déclarations du haut-commissaire qui avait loué la cérémonie organisée par le Maroc depuis trois ans et le monument érigé à Ras el-Ma, dédié au navire Dina, illustrant la lutte maghrébine commune. La télévision algérienne avait, aussi, présenté les déclarations du fils du commandant du navire, Nadir Bouzar Abdelkader, auteur du livre Odyssée de Dina, qui rappelle que le monument porte des significations maghrébines profondes. Lors de la cérémonie de 2013 à Ras el-Ma, à l’occasion du 58e anniversaire du début des premières opérations de l’Armée de libération au nord du Maroc. Le représentant de l’Organisation nationale des anciens combattants algériens et le consul algérien étaient présents. Le haut-commissaire avait souligné la nécessité de transmettre les messages aux jeunes et aux médias pour reconnaître les efforts de la génération précédente pour construire le Grand Maghreb. Le Dina est parti de Port-Saïd en 1955, et les armes ont été débarquées dans des conditions difficiles après une tentative de la part de la France d’interrompre l’opération. Le commandant avait persisté pour livrer les armes aux résistants marocains et algériens. Le navire avait accosté loin du rivage, et les armes ont été transférées en pleine mer, les vagues les faisant tanguer. Les efforts des peuples marocain et algérien dans la lutte contre le colonialisme ont été salués, ainsi que le moment des liens éternels, et la présence de Houari Boumediene à Ras el-Ma a été mentionnée. Boumediene était un leader de l’Armée de libération nationale et est devenu après l’indépendance en 1963 le deuxième président de l’Algérie, après Ahmed Ben Bella, le premier président après l’indépendance en 1962. Les efforts de Ben Bella, Abdelkrim El Khattabi et le bureau du Caire organisant les opérations avaient, également, été mentionnés. Le navire de 22 tonnes et 11 mètres de long sur 4 mètres de large est parti du Caire via Benghazi et a accosté à Ras el-Ma pour fournir des armes aux résistants marocains et algériens. En 2013, lors de la cérémonie du monument commémoratif du Dina à Ras el-Ma, le défunt Nadir Bouzar Abdelkader, qui avait dirigé le navire, a été honoré en présence de sa famille algérienne, de parlementaires marocains, de représentants des autorités et du haut-commissaire aux anciens combattants.

La chaîne de télévision algérienne avait diffusé le 2 septembre 2016 des témoignages d’époque, des marocains comme Chourak et Beijou, du haut-commissaire marocain, et des algériens ayant vécu la période, ainsi que du fils du commandant décédé, Nadir Bouzar Abdelkader, et plusieurs anciens combattants. Tous ces événements historiques présentés par la chaîne algérienne ce soir-là relient indéniablement au discours royal du 20 août 2016, soulignant le lien entre le Maroc et son environnement à partir de l’histoire commune marquée par la solidarité absolue entre les dirigeants de la résistance marocaine et le Front de libération algérien. Cet esprit de solidarité, transmis à travers les âges et les générations, a émergé d’une volonté forte pour faire face à un ennemi commun : le colonialisme. Mais qu’en est-il du cauchemar menaçant de l’insécurité et de la peur représenté par les groupes terroristes et le danger de l’extrémisme ? N’est-il pas temps de lier le passé au présent et de tirer parti des leçons des précédents pour unir les rangs afin de réaliser l’intégration économique et le développement maghrébins, et de faire face au danger imminent, qui n’est pas moins terrible que les souffrances endurées par les peuples ?

 


Salima Faraji avec la famille Bouzar 

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