L’Algérie valide un budget avec le déficit le plus important de son histoire
Malgré une croissance prévue de 4,5 % du PIB, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), la dette brute nationale par rapport au PIB devrait atteindre 63,9 % d’ici 2025.
Un mois après sa réélection à la tête de l’Algérie, le président Abdelmadjid Tebboune a approuvé, lors d’une réunion du Conseil des ministres, les nouveaux budgets de l’État dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) pour les années 2025, 2026 et 2027.
Avec un montant record de 125,34 milliards de dollars, le budget validé par l’exécutif algérien enregistre une hausse de 9,9 % par rapport à celui de l’an dernier. Sur la base d’un prix fiscal du baril de pétrole estimé à 60 dollars et d’un cours de 70 dollars sur le marché international, la Banque nationale d’Algérie anticipe une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 4,5 % en 2025, stimulée par une progression de 1,9 % des exportations d’hydrocarbures. Cependant, cette croissance s’explique en partie par la fluctuation du taux de change du dinar algérien, passé de 253 à 257 dinars pour un euro, sans pour autant gonfler les réserves de l’État.
En conséquence, le déficit budgétaire atteindra 61,72 milliards de dollars, soit 21,8 % du PIB, marquant une augmentation de 3,5 % par rapport à 2024, malgré une hausse de 9 % des recettes fiscales grâce aux augmentations d’impôts votées à la fin du mandat de Tebboune.
L’aggravation du déficit est préoccupante car, selon les économistes, cela pourrait accentuer l’inflation. La situation économique est telle que, pour rétablir l’équilibre budgétaire, le prix du baril de pétrole devrait atteindre 140 dollars en 2023 et dépasser 150 dollars en 2024, contre les 110 dollars nécessaires entre 2021 et 2022.
La dépréciation du dinar officiel par rapport au marché parallèle, avec un taux de change variant entre 253 et 257 dinars pour un euro au début d’octobre 2024, amplifie artificiellement les recettes fiscales issues des hydrocarbures. Bien que les exportations augmentent, l’inflation des biens importés s’accélère.
L’un des aspects les plus préoccupants du nouveau budget est la forte hausse des dépenses de défense, qui atteignent 25 milliards de dollars, en faisant le premier poste de dépenses. Avec une augmentation de 2 milliards de dollars par rapport à 2024, le ministère de la Défense représentera 19,8 % du budget total.
Cette augmentation a suscité des contestations parmi la population, notamment parce que les dépenses sociales en sont les principales victimes. Le budget alloué à ces dépenses, qui s’élève à 4,953 millions de dollars, a été réduit de plus de 750 % en trois ans.