Élections de l’Union africaine : La vérité crue pour l’Algérie et le Maroc

L’Algérie présente l’élection de Selma Malika Haddadi au poste de vice-présidente de la Commission de l’Union africaine (CUA) comme un coup de maître diplomatique, mais en réalité, ce poste n’a qu’une influence minime, et l’UA reste une institution essentiellement cérémoniale qui n’a aucun pouvoir d’exécution sur les crises réelles de l’Afrique.

Que fait réellement la CUA ?

La Commission de l’Union africaine est le moteur bureaucratique de l’UA. Elle s’occupe des tâches administratives, de l’élaboration des politiques et de l’organisation des événements. Elle n’est pas un organe directeur et ne possède pas non plus l’autorité exécutive nécessaire pour faire appliquer les décisions. La structure de pouvoir de l’UA dépend toujours des États membres individuels, qui ignorent régulièrement les résolutions de l’UA lorsque cela les arrange

Le président de la CUA est le visage public de l’organisation, responsable de la coordination, de la publication des déclarations et de la gestion des engagements diplomatiques. Le vice-président, le nouveau poste de Mme Haddadi (voir la liste complète des candidats et leur CV, y compris Selma Malika Haddadi et Salah Francis ElMahdi ici), a encore moins d’influence. Il s’occupe de l’administration, de la budgétisation et des finances, fonctionnant essentiellement comme le chef comptable de l’UA.

La rhétorique exagérée de l’Algérie

Les médias d’État algériens ont présenté l’élection de M. Haddadi comme une approbation continentale du leadership de l’Algérie, mais dans la pratique, il s’agit d’un rôle technique sans pouvoir stratégique. L’UA ne contrôle pas les États membres et ses déclarations sur les conflits africains, tels que la guerre civile au Soudan, le vide politique en Libye et les coups d’État en Afrique de l’Ouest, sont régulièrement ignorées et sont devenues la norme.

Pendant ce temps, le Maroc et l’Algérie poursuivent leurs interminables manœuvres diplomatiques, traitant chaque élection de l’UA comme une guerre par procuration pour l’influence régionale. Le Maroc a tenté de bloquer la victoire de l’Algérie, et Tebboune l’a “contre-khottayé” en soudoyant l’UA avec un million de dollars, mais cet échec ne signifie pas grand-chose, car les manœuvres des deux pays ne changent rien à la non-pertinence institutionnelle plus large de l’UA.

Qui détient réellement le pouvoir en Afrique ?

Les véritables responsables des affaires africaines sont les puissances étrangères et les acteurs privés. Les États-Unis dominent par l’intermédiaire de l’AFRICA Command (Africom) et de ses bases militaires, ainsi que par des sanctions financières ; la Chine contrôle les économies par le biais de la dette et des infrastructures ; le groupe Wagner de la Russie mène des guerres pour les dictateurs ; et la France, bien qu’elle ait perdu beaucoup de terrain ces dernières années, exerce toujours une influence sur ses anciennes colonies. Pendant ce temps, les entreprises militaires privées font le sale boulot que les gouvernements africains et leurs faibles institutions ne peuvent pas faire.

L’élection de M. Haddadi ne remodèlera PAS la diplomatie africaine, ne résoudra PAS un seul conflit et ne renforcera PAS l’efficacité de l’UA. Il s’agit d’une victoire administrative au sein d’une organisation qui ne peut rien imposer.

Selma Malika Haddadi, Salah Francis ElMahdi, Latifa Akharbach, ou n’importe qui d’autre, personne ne se soucie de savoir qui occupe le poste de vice-président. Cela aurait pu être n’importe qui. En fin de compte, Selma Malika Haddadi ne sera que le comptable d’une organisation qui n’a le pouvoir d’appliquer rien, et les larmes versées n’ont été que celles de la douleur et de l’humiliation qu’elle aurait pu encourir si Latifa Akharbach avait été élu comptable à sa place.

Abderrahmane Fares

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