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Algérie : Une présidentielle qui met le régime en difficulté

Samedi 7 septembre, jour J d’une élection présidentielle minutieusement préparée. De la date choisie au profil des candidats en décidant d’avance des résultats, les décideurs de l’ombre, c’est ainsi qu’on les appelle en Algérie, ont tout préparé. Le scrutin se déroulera comme espéré.

Par Hichem ABOUD

Seule inconnue est la participation des Algériens à cette élection dont le succès est tributaire de l’adhésion de l’électorat au scénario dans lequel on leur a accordé le rôle de figurant principal.

24.351.551 électeurs sont appelés aux urnes. Trois candidats en lice. Le président sortant Abdelmadjid Tebboune qui brigue un second mandat, se présente en candidat libre. C’est-à-dire sans appartenance partisane. Son parti est le pouvoir occulte des généraux. Il est soutenu par des formations politiques aguerries au rôle de soutien au candidat de l’armée. Le FLN, le RND, les ex-ténors de la scène politique algérienne auxquelles s’ajoutent trois formations microscopiques sans influence aucune.

 Le candidat « libre » a pour concurrent deux poids plumes le président du MPS Abdelali Hassani Cherif, un inconnu représentant la frange islamiste et le Premier secrétaire du FFS Youcef Aouchiche, appelé à briser le boycott kabyle en sa qualité de fils de la région. Le scrutin se déroule dans près de 63.000 bureaux de vote et sera supervisé par 500.000 superviseurs.

Le décor est planté en ce début de matinée. On donne le clap à 8 heures du matin avec l’ouverture des bureaux de vote. A Alger, la capitale du pays, on dort encore. Des images prises à 9h 45 mn de la rue Didouche Mourad, Place Audin et la rue Abdelkrim El-Khettabi montrent les principales artères de la ville désertes.

Plus loin, à Médéa, dans le Titteri, à Teleghma et Jijel dans l’Est et à Laghouat à 400 km au sud d’Alger, il y a foule devant les bureaux de vote. A Teleghma, les images des chaînes de télévision algérienne montrent de véritables bousculades devant un centre de vote.

Renseignement pris auprès des populations locales et en voyant bien les images de la télévision on remarque que cette foule est composée uniquement de jeunes parmi lesquels on ne dénombre pas une seule femme ni un seul homme dépassant la trentaine. Ils ont tous le crâne rasé à la militaire et aucun ne porte à la main un téléphone portable.

A Téleghma, ce sont les élèves de l’école des blindés et le corps encadrant qui se sont bousculés à l’entrée du centre de vote, comme on le voit sur la vidéo 1.

A Médéa, ce sont les militaires de la caserne qui regroupe le commandement du secteur et la garnison de la ville, habillés en civil qui vont remplir le centre de vote. (Voir la vidéo 2)

A Jijel, ce sont les marins de la base navale qui jouent le rôle d’électeurs. Tout comme à Laghouat où il a été fait appel aux pensionnaires de la base aérienne de la ville.

Ces militaires n’étant pas inscrits sur les listes électorales des villes où ils étaient appelés à voter, et ne disposant pas de cartes d’électeurs, seront autorisés à voter sur simple présentation d’une pièce d’identité. C’est une violation massive de la loi électorale. Mais, l’Autorité indépendante des élection (ANIE) règlera le problème en un quart de tour en diffusant à 10h30 un communiqué indiquant « Les électeurs qui n’ont pas de carte de vote peuvent voter sur simple présentation d’une pièce d’identité (carte d’identité nationale, permis de conduire ou passeport) ».

Il faut, vaille que vaille, obtenir un taux de participation supérieur à celui enregistré en 209 et qui était de l’ordre de 39,88%. L’objectif semble difficile à atteindre. « Les Algériens ont déserté massivement les urnes. L’ANIE (agence étatique de gestion des élections) annonce 13,11 % de participation au niveau national à 13h. Les Algériens votants majoritairement la matinée, il est difficile, voire impossible, que cette agence annonce un taux de participation avoisinant 20% à 20 heures. », déclare Athmane Maazouz, le président du RCD, l’un des principaux partis de l’opposition qui a su préserver sa crédibilité.

« C’est à croire qu’un mot d’ordre silencieux s’est propagé à travers le pays » renchérit Me Nabila Smaïl, avocate des militants du « Hirak ». Cela se confirme à 17 heures lorsqu’on annonce que le taux de participation était de 26,46%.  A trois heures de la fermeture des bureaux de vote il est quasiment impossible de gagner 15 %, le minimum requis pour battre le chiffre de 2019. A moins que la machine de la fraude se mette en branle.

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