24 Pays Sans Visa : le Privilège Caché de l’Élite Algérienne

En début de semaine, l’ancien chef de cabinet du président Abdelmadjid Tebboune, Abdelaziz Khelef, s’est vu refuser l’entrée à l’aéroport d’Orly à Paris alors qu’il détenait un passeport diplomatique, un incident qui marque une nouvelle escalade dans le fossé diplomatique entre l’Algérie et la France. La semaine passée, une mission du Sénat français, a entamé des consultations visant à annuler les accords de 1968 avec l’Algérie. Des responsables français ont également évoqué la possibilité d’annuler un accord de réciprocité du 10 juillet 2007, signé par les ministres des affaires étrangères de l’époque, Bernard Kouchner (France) et Mourad Medelci (Algérie), qui a ensuite été modifié le 16 décembre 2013 par Manuel Valls (France) et Ramtane Lamamra (Algérie).

Selon Xavier Driencourt, ambassadeur de France en Algérie de 2008 à 2012 et de 2017 à 2020, cet accord permet à « l’ensemble de la nomenklatura algérienne, diplomates, militaires, hommes politiques et leurs familles » de se rendre en France pour se soigner gratuitement sans visa. M. Driencourt a plaidé en faveur de la résiliation de l’accord, le décrivant comme un « simple échange de lettres » qui pourrait être révoqué à la discrétion du ministre français des affaires étrangères. Le ministre français de la justice, Gérald Darmanin, a récemment soutenu cette position, qualifiant la révocation potentielle de l’accord de « mesure de rétorsion » contre les « actions hostiles » de l’Algérie et sa prétendue « guerre hybride » sur le sol français. M. Darmanin soutient que la suppression de l’exemption de visa est le moyen le plus efficace de lutter contre ce que la France considère comme des politiques de plus en plus antagonistes de la part du régime militaire algérien.

Les titulaires de passeports diplomatiques algériens peuvent se rendre dans au moins 24 pays sans visa, y compris une exemption de visa de 90 jours dans l’espace Schengen.
Le coup de la révocation des passeports diplomatiques par la France a mis en lumière l’arrière-scène sordide d’un système militaire algérien complice de privilèges inouïs. En effet, l’Algérie a négocié avec 23 pays des accords bilatéraux qui garantissent un accès visa gratuit à 24 nations, dont 7 pays de l’espace Schengen, 3 du Golfe, sans compter de multiples destinations en Afrique, en Asie, en Europe de l’Est et même en Amérique latine.

Carte du monde avec les 24 pays que les titulaires d’un passeport diplomatique algérien peuvent visiter sans visa, et que les citoyens algériens ne peuvent pas visiter sans visa. Ces destinations couvrent l’Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine. Plus précisément, la liste des pays exemptés de visa comprend sept pays de l’espace Schengen (Portugal, Espagne, France, Pologne, Suisse, ainsi que le Liechtenstein, la Bulgarie et la Finlande), deux pays européens n’appartenant pas à l’espace Schengen (Serbie, Bosnie), trois pays du Moyen-Orient (Qatar, Koweït, Jordanie), quatre cinq africains (Tanzanie, Namibie, Angola, Burundi, Ouganda), deux pays asiatiques (Chine, Inde), trois pays du bloc de l’Est (Russie, Biélorussie, Azerbaïdjan) et un pays latino-américain (Colombie).

Le mythe parmi l’opinion publique qui se fait souvent l’illusion que seuls les diplomates, en poste à l’étranger, bénéficient de ces passeports, mais la vérité est tout autre. Ces passeports, accessibles à quelques milliers, voire une dizaine de milliers de serviteurs du régime militaire vivant et travaillant en Algérie, avec leurs épouses et leurs enfants, représentent une exclusivité scandaleuse. En outre, ils profitent de réductions avantageuses sur Air Algérie et bénéficient d’accords tarifaires avec des compagnies aériennes internationales.

Ce qui est encore plus affligeant et provoque l’indignation, c’est que ces accords bilatéraux ont été sciemment recherchés, discutés, négociés et signés par le régime algérien, qui a délibérément choisi de réserver ce passeport de libre circulation uniquement aux loyaux soumis du système, laissant le reste de la population dans une misère administrative. Le visa, en somme, est devenu une arme, soigneusement orchestrée pour maintenir une inégalité flagrante, symbole d’un pouvoir qui se refuse à être partagé.

L’Algérie a 23 accords bilatéraux permettant aux détenteurs de passeports diplomatiques (ainsi qu’à leurs femmes et enfants) de voyager dans 24 pays sans visa. En Algérie, il n’est pas nécessaire d’être diplomate pour obtenir un passeport diplomatique.

Pays sans visa pour les passeports diplomatiques algériens:

Schengen: Portugal, Espagne, France, Pologne, Suisse (et également applicables à la Principauté de Liechtenstein), Bulgarie, Finlande.

Europe non-schengen: Serbie, Bosnie.

Moyent-Orient: Qatar, Koweït, Jordanie

Afrique: Tanzanie, Namibie, Angola, Burundi, Ouganda

Asie: Chine, Inde

Bloc de l’Est: Russie, Belarus, Azerbaïdjan.

Amérique Latine: Colombie

Qui délivre les passeports diplomatiques en Algérie ?

Les passeports diplomatiques en Algérie sont délivrés par l’Administration Centrale du Ministère des Affaires Etrangères, notamment par la Direction Générale du Protocole, la Direction des Immunités et Privilèges Diplomatiques, la Sous-Direction des Documents de Voyage et le Bureau des Passeports Diplomatiques et de Service.

Qui bénéficie du passeport diplomatique Algérien ?


Liste des bénéficiaires du passeport diplomatique algérien qui voyagent sans visa. Il convient de noter que les bénéficiaires n’ont pas besoin d’être diplomates ou d’occuper une fonction diplomatique pour bénéficier du passeport diplomatique. En fait, la majorité des bénéficiaires du passeport diplomatique sont des membres de la famille de la nomenklatura algérienne en poste en Algérie.

Le nombre de bénéficiaires en Algérie est particulièrement important et est estimé entre des milliers et des dizaines de milliers, ce qui va au-delà de ce qui est habituel dans de nombreux pays démocratiques. Nos sources affirment que cette large éligibilité sert à renforcer le clientélisme et la loyauté au sein de l’élite du système ou de la « nomenklatura ». Il convient de noter que les bénéficiaires n’ont pas besoin d’être diplomates ou d’occuper une fonction diplomatique pour bénéficier du passeport diplomatique. En fait, la majorité des bénéficiaires du passeport diplomatique sont des membres de la famille de la nomenklatura algérienne en poste en Algérie.

Voici une liste (non exhaustive) des personnes qui peuvent prétendre à un passeport diplomatique, ainsi que de leurs conjoints et enfants :

Anciens hauts fonctionnaires
Les anciens hauts fonctionnaires et leurs familles, comme les anciens présidents, par exemple Liamine Zeroual, sa femme et ses enfants. Les anciens premiers ministres tels que Aïmene Benabderrahmane, Abdelaziz Djerad, Sabri Boukadoum, Abdelaziz Belkhadem, Ali Benflis, Ahmed Benbitour, Mokdad Sifi, leurs épouses et leurs enfants. Les anciens présidents du Parlement tels que Ibrahim Boughali, Slimane Chenine, Abderrazak Terbeche, Mouad Bouchareb, Saïd Bouhadja, Larbi Ould Khelifa, Amar Saadani, Karim Younes, leurs épouses et leurs enfants. Les anciens présidents du Conseil constitutionnel tels que Kamel Fenniche, Saïd Boulchair, leurs épouses et leurs enfants. Les anciens ministres des affaires étrangères tels que Ramtane Lamamra, Sabri Boukadoum, Abdelkader Messahel, Youcef Yousfi, Lakhdar Brahimi, Ahmed Taleb Ibrahimi, Mohammed Seddik Benyahia, leurs épouses et leurs enfants. Les anciens ministres de la défense, tous décédés. Anciens ministres d’État, leurs épouses et leurs enfants. Anciens chefs d’état-major de l’ANP (Armée Nationale Populaire Algérienne), leurs épouses et enfants. Les anciens généraux de l’armée, leurs épouses et leurs enfants, qui se comptent par centaines. Les anciens ambassadeurs, leurs épouses et leurs enfants, se comptent par centaines. Les anciens consuls généraux, leurs épouses et leurs enfants : des centaines.

Fonctionnaires actuels du gouvernement
Premier ministre : Nadir Larbaoui, sa femme et ses enfants. Directeur de cabinet : Boualem Boualem, sa femme et ses enfants. Conseillers du président : Kamel Sidi Said, sa femme et ses enfants, Chafik Mesbah, sa femme et ses enfants. Secrétaires généraux de la présidence, femme et enfants.

Les chefs militaires et leurs familles : Chef d’état-major de l’ANP : Said Chengriha, femme et enfants. Généraux de l’armée, femme et enfants. Secrétaires généraux du ministère de la défense nationale, femme et enfants. Commandants de la Garde républicaine : Tahar Ayad, sa femme et ses enfants. Commandants de la gendarmerie nationale : Yahia ALI OULHADJ, sa femme et ses enfants. Commandants des régions militaires : femmes et enfants. Directeur central de la sécurité de l’armée : Mahrez Djeribi, épouse et enfants. Directeur des relations extérieures et de la coopération : épouse et enfants.

Autres postes de haut niveau
Ministres de tous les ministères : femme et enfants. Président de la Cour constitutionnelle : Omar Belhadj femme et enfants. Président de la Cour suprême : femme et enfants. Président du Conseil d’État : femme et enfants. Procureur général près la Cour suprême : femme et enfants. Commissaire d’État au Conseil d’État : femme et enfants. Président de la Cour des comptes : femme et enfants. Gouverneur de la Banque d’Algérie : femme et enfants. Médiateur de la République : femme et enfants. Recteur de la Grande Mosquée d’Alger : femme et enfants.

Figures historiques et révolutionnaires
Des membres du Conseil national de la révolution algérienne, des vétérans de l’Armée de libération nationale (ALN) et des chefs de wilayas historiques.

Abderrahmane Fares

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